Historique des mouvements sociaux

à la Société Nationale de la Viscose

Grévistes, 1936. Collection du musée de la Viscose © Le TRACé

Chronologie du droit du travail au XXe siècle

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Atelier de filature. Collection du musée de la Viscose © Le TRACé

  • 1906 : mise en place du repos dominical et création du ministère du Travail et de la Prévoyance sociale (anciennement Commerce, Industrie et Travail) sous Clemenceau ; le premier ministre du Travail est René Viviani
  • 1919 : journée de travail de 8h (semaine de travail de 48h sur principe des trois 8 – 8h de travail, 8h de loisirs et 8h de sommeil)
  • 1936 : semaine de 40h et congés payés (Front Populaire et lois socialistes du gouvernement de Léon Blum). En 1940, le gouvernement à Vichy augmente le temps de travail maximum à 60h par semaine
  • 1950 : salaire minimum interprofessionnel garanti, le SMIG
  • 1958 : création de l’assurance-chômage
  • 1968 & 1969 : accords de Grenelle avec augmentation du SMIG et quatrième semaine de congés payés
  • 1970 : le SMIC est remplacé par le salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC)
  • 1982 : réduction de la semaine de travail à 39h et cinquième semaine de congés payés
  • 2000 : la semaine de travail diminue jusqu’à 35h

Une histoire syndicale ouvrière

Des syndicats et la CGT

Depuis 1791 en France, la loi Le Chapelier interdit toute forme d’organisation ouvrière. Son abolition qui intervient le 21 mars 1884 laisse place à la loi Waldeck Rousseau qui légalise les syndicats. Pourtant certains existaient avant 1884, comme les Syndicats des charpentiers et des mineurs. 

Deux ans plus tard, la Fédération Nationale des Syndicats (FNS) est créée à Lyon. Elle est inspirée par Jules Guesde, membre du Parti Ouvrier Français et figure du socialisme. Plusieurs organismes naissent dans les années qui suivent : la Bourse du Travail (Paris, 1887 et Lyon, 1891), servant à aider les syndicats à s’organiser et à placer des ouvriers ; la Fédération Nationale des Bourses du travail (1892) ; et la Confédération Générale du Travail (CGT) en 1895.

 

Le Congrès constitutif qui donne naissance à la CGT a lieu à Limoges, où ses premiers Secrétaire général et trésorier sont nommés. Ils sont respectivement le cheminot Absalon Lagailse et Auguste Keufer de la Fédération du Livre, deux organisations déjà majoritaires au sein de la CGT à sa création. Plus d’une centaine de syndicats s’y rattachent déjà, même si la structure reste encore à construire. Ce n’est qu’en 1904 que la CGT s’organise véritablement. Dans la même année, elle lance une campagne en faveur de la journée de travail de huit heures, puis fonde son journal Vie Ouvrière (1912). Luttant contre le taylorisme, elle décide de faire payer des cotisations à ses membres et s’oppose au service militaire d’une durée de 3 ans (1913). Pendant la Première Guerre mondiale, elle appelle les travailleurs français à se positionner contre la guerre et milite pour la baisse du coût de la vie et de la détérioration de ses conditions qui découlent de la période. À la fin de l’année 1918, la CGT compte environ un million d’adhérents. 

Jusqu’à la crise économique des années 1930, la Confédération Générale du Travail connaît deux menaces majeures de dissolution, en 1913, après s’est ouvertement positionnée contre l’entrée en guerre, et en 1920. En 1921, la Confédération se scinde en deux pour fonder la Confédération Générale du Travail Unitaire (CGT-U), qui prend explicitement position contre l’impérialisme et la politique coloniale de la France. Il faut attendre 1936 pour que la CGT-U et la CGT se réunissent à nouveau.

Droit du travail à la Société Nationale de la Viscose

Lavage de la viscose filée. Collection du musée de la Viscose © Le TRACé

Le 23 avril 1919, le Sénat ratifie la journée de travail de huit heures et fait du 1er mai suivant une journée chômée. À cette époque, au sein des usines de Viscose, les équipes se relaient de 4h à 12h et de 12h à 20h. Ces horaires prennent en compte le fait que les femmes n’ont pas le droit de travailler la nuit, et ce depuis 1892.  Ces dernières travaillent majoritairement dans les ateliers de finition.

 

Les ouvriers syndiqués de la Société Nationale de la Viscose (SNV) adhèrent majoritairement à la CGT et la Confédération Française des Travailleurs Chrétiens (CFTC). Cette organisation née en 1919 fait référence dans ses statuts à l’encyclique Rerum Novarum du pape Léon XIII, qui demande aux patrons de mieux traiter leurs employés, et aux travailleurs de ne pas se révolter. Dans l’histoire de la SNV et principalement pendant la Seconde Guerre mondiale, la CGT a joué un rôle important. Plusieurs de ses membres dont le secrétaire Louis Baille-Barelle forment un noyau de résistants et luttent contre l’Occupation italienne et allemande.

Chronologie du droit du travail des femmes au XXe siècle

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Gilberte Barnoud à l’atelier de sérimétrie, novembre 1944.

Collection du musée de la Viscose © Le TRACé

  • 1907 : les femmes mariées peuvent disposer librement de leur salaire
  • 1909 : la loi Engerand instaure 8 semaines de congé maternité (non rémunéré) avec garantie de retrouver son travail. Le congé devient rémunéré à 100% du salaire brut en 1911 pour les institutrices, en 1929 pour les fonctionnaires et en 1970 pour l’ensemble des salariées
  • 1940 : le régime de Vichy interdit l’emploi de femmes mariées dans l’administration puis dans tous les services de l’Etat et les collectivités
  • 1946 : l’égalité absolue entre les femmes et les hommes est inscrite dans la Constitution et le « salaire féminin » disparaît
  • 1965 : les femmes peuvent travailler sans l’accord de leur mari et ouvrir un compte bancaire indépendamment
  • 1983 : la loi Roudy lutte contre la discrimination à l’embauche et sur les salaires
  • 1986 : la féminisation des noms des métiers est adoptée dans le circulaire du 11 mars
  • 2001 : fin de l’interdiction du travail de nuit pour les femmes, mise en place en 1892

1936, première cassure à la Viscose

Le système Bedaux, un des éléments déclencheurs

Bannière rouge et cercueil du système Bedaux, 1936.

Collection du musée de la Viscose © Le TRACé

Charles-Eugène Bedaux, né en France en 1886, émigre aux États-Unis en 1906 où il obtiendra rapidement la nationalité américaine. Bien qu’il ne soit pas diplômé d’études supérieures, il met au point en 1909 la base de l’organisation scientifique du travail. Ses méthodes de management rencontreront un très large succès à travers le monde et feront de lui un homme célèbre. À l’époque où règne le taylorisme (qui favorise la parcellisation des tâches, impose rythmes et modes de travail, individualise les salaires en fonction du rendement), Bedaux réussit à se faire une place et le « système Bedaux » est adopté par les usines Fiat en 1927.

 

Le « système Bedaux » prend en compte la pénibilité du travail et l’allure des opérations. L’unité était le point Bedaux, ou « point-minute » : une heure de travail représente soixante points Bedaux. Puisqu’il est mesuré sur les performances des ouvriers les plus rapides au lieu des performances moyennes, ce système est vu comme très injuste et est extrêmement critiqué. Dans les années 1930, beaucoup de grèves ont lieu en Europe pour l’abolir.

Une année de mouvements sociaux

La crise économique des années 1930 contraint les salariés à se résoudre à une baisse de 10% de leur rémunération sous peine d’être licenciés. L’augmentation conséquente du chômage en 1934 conduit à de nombreuses grèves : en février 1935, ce sont 5 millions de salariés qui cessent le travail. Le 5 mai 1936, le Front populaire, qui regroupe plusieurs partis de gauche dont la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO), le Parti radical et le Parti communiste, remporte les élections législatives. Cette victoire permet la mise en place du premier Gouvernement de Léon Blum, à dominante socialiste. C’est également le premier Gouvernement français à compter des femmes, alors qu’elles ne peuvent pas encore voter. Dès la deuxième semaine de mai, un important mouvement de grèves et d’occupations d’usines se met en place et s’étend largement sur toute la France pendant la première semaine de juin. Ces grèves se sont déclenchées dans les usines Bréguet au Havre à la suite du licenciement d’ouvriers qui avaient refusé de travailler le 1er mai. Plusieurs facteurs sont à l’origine de ce mouvement social sans précédent : l’enthousiasme suscité par la victoire électorale des socialistes, la méfiance populaire vis-à-vis des politiciens, et les aspirations révolutionnaires d’une partie de la classe ouvrière.

Une grève festive

« En 1936, c’était la fête dans l’usine ! »

René Morel

Le 16 juin 1936, les ouvriers de la Viscose présentent un cahier de revendications et la grève débute le 18 juin. Les viscosiers arrêtent les machines en cascade et hissent un drapeau rouge en haut de la cheminée. Ils réclament de meilleures conditions de vie et demandent la suppression du système Bedaux, une augmentation des salaires, la fourniture de lait pour se protéger des émanations acides, et des vêtements de protection. L’usine est occupée, certains viscosiers dorment sur place, parfois sur des balles de déchets. Tout au long de la grève, l’ambiance reste cordiale entre ouvriers et patrons, voire festive : l’occupation prend des airs festifs où on joue de la musique, chante et danse dans la cour de l’usine.

« La journée, c’était le bal […] : avec un accordéon, on dansait. »

Raymond Ogier

Les grèves de 1936 ont permis de remettre en question le système Bedaux et la CGT-Viscose a pu obtenir que les jours de grèves soient payés. Pendant tout le mois de juin, les accords de Matignon et des lois votées par le parlement permettent des avancées sur le plan social : augmentation des salaires de 15%, quinze jours de congés payés, semaine de 40 heures, reconnaissance du droit syndical, établissement de conventions collectives dans toutes les branches, et mise en place de délégués syndicaux. À la suite de tous ces mouvements et avancées, fin 1936, la CGT compte 4 millions d’adhérents.

L’usine est occupée dans la joie et la bonne humeur, 1936.

Collection du musée de la Viscose © Le TRACé

« Nous savions que nous vivions des moments historiques, des moments qui ont apporté quelque chose. »

Jean Bonnel

L’ambiance ne reste pas aussi bon enfant après 1936. À peine un an après, l’extrême-droite monte en France et les conflits sociaux reprennent juste après la démission du gouvernement de Léon Blum, faute de moyens financiers non accordés par le sénat. L’Europe se prépare à entrer en guerre et les libertés syndicales sont attaquées : en 1939, la chasse aux communistes est lancée, tandis que le journal Vie ouvrière est interdit. Sous le gouvernement de Vichy, la CGT et la CFTC sont déclarées illégales, bien qu’elles fonctionnent encore clandestinement. À la Libération, de nombreuses entreprises sont nationalisées par l’Etat dont le gaz et l’électricité. Le début de la guerre froide continue de multiplier les attaques contre les libertés syndicales.

1952, véritable fracture dans la communauté viscosière

Avant la grève, des tensions montantes

Les premiers mois de 1952 ont représenté un terrain fertile pour l’augmentation des tensions sociales. Le 28 mai, une manifestation est organisée à Paris dans le contexte de la guerre de Corée, en protestation à la visite en France du général Matthew Ridgway. Il est accusé par les communistes d’utiliser des armes bactériologiques en Corée, bien que cette affirmation soit fausse et démentie par l’armée des États-Unis. Cette manifestation dégénère en affrontements avec les forces de l’ordre, et fait plusieurs victimes, dont deux morts du côté des manifestants. Les arrestations se multiplient et le siège du Parti communiste français est perquisitionné par la police. Le soir même, le numéro un du PCF Jacques Duclos est arrêté, puis inculpé pour atteinte à la sûreté de l’État après la découverte d’un pistolet, d’une matraque et de pigeons dans le coffre de sa voiture. Pour le ministre de l’Intérieur, ces oiseaux sont des pigeons voyageurs et constituent une preuve de la trahison de Duclos envers la République : il s’agit du « complot des pigeons ». Ces accusations sont invalidées par la police, car les deux pigeons ont en fait été tués au cours d’une partie de chasse. Jacques Duclos est finalement libéré le 1er juillet.

 

À Échirolles dans les années 1950, alors que l’usine tourne à plein régime et réalise un bon chiffre d’affaires, la direction songe à réduire le personnel. Certains viscosiers entendent parler d’une possible fermeture de l’usine, et d’autres ont vent que les salaires seraient plus élevés à l’usine Neyrpic de Saint-Martin-d’Hères. Au même moment, un groupe de membres du PCF s’organise autour de l’idée d’une grève avec occupation de l’usine.
Les tensions de plus en plus grimpantes finissent par l’emporter : en 1952, une nouvelle grève importante commence à l’usine.

Division au sein de la communauté Échirolloise

Depuis 1945, Échirolles a pour maire le viscosier Georges Kioulou. Fils d’immigrés grecs, ancien résistant, et membre du PCF, il joue un rôle important pendant les événements de 1952 en soutenant les grévistes.

« En 1952, l’usine a fait quarante jours de grève. Le directeur de l’époque était M. Friès, et le meneur des grévistes, un nommé Rochas. »

André Nardi

Soutien des délégués CGT de l’usine Merlin Gerin, 1952.

Collection du musée de la Viscose © Le TRACé

 

Un moment particulier est cité comme point de départ de la grève : le licenciement d’une déléguée nommée Margot qui serait montée sur une des machines de l’atelier des continus afin de stopper les ouvrières. Un autre ouvrier, exaspéré des tensions présentes pendant les réunions syndicales à l’extérieur de l’usine, lève les filières. Une grève commence très rapidement, sans préavis, illimitée et avec occupation de l’usine.

 

Contrairement à 1936, l’ambiance est loin d’être festive et des bagarres ont régulièrement lieu entre grévistes et non grévistes. À l’entrée de l’usine, on trouve un piquet qui empêche les ouvriers ne soutenant pas la grève de rentrer. Des travailleurs accusent la mairie d’envenimer la situation en soutenant de manière importante les grévistes et en leur fournissant de la nourriture pendant l’occupation. Les ouvriers de Neyrpic, eux aussi en grève à cette époque, viennent à la SNV soutenir les viscosiers. Les affrontements deviennent de plus en plus violents et culminent jusqu’à l’intervention des CRS qui arrivent depuis la contre-allée du cours de la Libération. Les jets de grenades lacrymogènes et de pierres se croisent, nombreux sont les ouvriers et les CRS qui finissent à l’infirmerie, malgré le filtrage à l’entrée de l’usine.

« Pendant le conflit syndical de 1952, j’ai reçu à l’infirmerie à la fois des syndicalistes […] et des CRS. Le piquet de grève n’empêchait pas leur accès à l’infirmerie. Je ne l’aurai pas toléré. »

Jean Pillon

La CGT, dont les membres avaient brillé dans leurs actions de Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, voit son noyau solide se fissurer. Le secrétaire Louis Baille-Barelle déplore la tournure de la grève dont il n’approuve pas son déclenchement brutal.

Des résultats décevants

Finalement, aucune avancée ne ressort de cette grève. De nombreux ouvriers, environ un tiers du personnel, sont licenciés et les étrangers en subissent en premier les conséquences puisque plusieurs sont expulsés juste après l’intervention des CRS.

« Une fois les occupants sortis, ils ont mis à part les étrangers : 18 Italiens ont été expulsés, les Hongrois et les Espagnols ont été placés dans des camps surveillés dans le territoire de Belfort. »

Victor Fusaro

Pour les viscosiers à avoir pu conserver leur emploi, la reprise du travail est loin d’être facile. Puisque l’arrêt des machines s’est fait d’un seul coup et sans préavis, la viscose a eu le temps de se figer dans la tuyauterie : il faut procéder à un nettoyage important afin de pouvoir remettre l’usine en marche. Plusieurs ouvriers se trouvent dans des situations très précaires et se voient obligés d’occuper un second emploi afin de pouvoir vivre, les jours de grèves n’étant pas payés.


Cette grève a laissé une cicatrice dans le souvenir de la communauté viscosière. Aucun bénéfice n’a pu contrebalancer les conséquences, désastreuses pour les ouvriers et ouvrières.

« Après ce coup d’arrêt, l’esprit d’usine a changé, tout le monde s’est senti concerné par ce bouleversement. »

René Marchioni

Jusqu'à la fermeture de l'usine

Après la cassure qu’aura été 1952, plusieurs mouvements sociaux se succéderont jusqu’à la fin de l’usine en 1989. D’abord, le Comptoir des Textiles Artificiels (CTA) devient Rhône-Poulenc Textile (RPT) en 1971. Ce changement apporte des avantages sociaux aux ouvriers avec une augmentation de la paie et un départ à la retraite possible dès 56 ans et 8 mois.


Cependant, plusieurs usines textiles fermeront à cette période, notamment celle de Vaulx-en-Velin, dont une délégation grenobloise viendra soutenir les grévistes sur place. Le sort de la SNV est encore incertain à cette époque, et des syndicats iront même rencontrer le maire de Grenoble, Hubert Dubedout, pour soulever le problème. Après des tensions palpables entre la direction et les travailleurs, RPT disparaît en 1981 pour laisser place à sa filiale Cellatex.

« En l’espace de deux ans, on a vu partir cinq classes d’âge si bien qu’on ne savait plus faire tourner l’usine. A la filature, […] les quatre contremaîtres ont été remplacés […] par des gens de Besançon qui n’avaient jamais travaillé sur le produit ! »

Maurice Ch. Michel

À peine plus d’un an après ce changement, c’est au tour des viscosiers étrangers de mener des actions. Plusieurs d’entre eux rejoignent la tête de syndicats ouvriers, la CFTC et Force Ouvrière (FO). Suite à des problèmes de rendement, FO lance une grève en 1983 qui sera menée par les travailleurs immigrés. Au bout d’un mois d’arrêt de travail, les syndicats parviennent difficilement à sortir de la grève après huit jours de négociation. Ils finissent par voter en majorité pour la reprise.

 

Dans les années 1984-1985, un plan social vise à amener les effectifs de l’usine à 450 personnes. Les premiers concernés sont les immigrés, ce sont en tout 230 salariés qui seront réinsérés dans leur pays d’origine avec leur famille. Au 1er janvier 1988, l’effectif à la SNV était de 396 personnes. Dans la même année, la négociation pour la fermeture de l’usine a lieu et un second plan social est mis en place, 356 travailleurs sont concernés.

 

Sur ce chiffre, 130 personnes sont mutées sur différents sites de Cellatex en France, 40 sont reclassées, et 2 étrangers repartent dans leur pays d’origine. Le personnel de 50 à 55 ans est mis à disponibilité et celui de plus de 55 peut partir en préretraite. De nombreux ouvriers bénéficieront d’une indemnité de licenciement et d’un remboursement de l’écart de salaire pendant 3 ans pour encourager les reconversions. Ceux voulant créer leur propre entreprise seront accompagnés et bénéficieront également d’indemnités. En mars 1989, l’arrêt prévu de l’usine est mis en route. Quelques employés reviennent pour procéder à des nettoyages et démontages, et pour envoyer du matériel et des produits chimiques à d’autres usines. En octobre, l’usine est livrée aux démolisseurs. La tour, son symbole le plus reconnaissable, est détruite en février 1991, marquant la fin définitive de la Société Nationale de la Viscose.

« Depuis la démolition, je regarde tout le temps par là, avec beaucoup de peine. Le monument aux morts qui était devant l’usine, souvent je me suis posé la question : ils vont tout démolir, mais ce monument, j’espère qu’ils ne vont pas le mettre à la poubelle. Et puis j’ai vu qu’il était replacé là, à l’extérieur du musée. »

Josette Gomiero

Le seul bâtiment restant de l’usine deviendra en 1992 le musée de la Viscose, sous l’impulsion d’anciens viscosiers et avec le soutien de Rhône Poulenc. Bien que l’usine soit démolie, la cité Viscose, elle, tient toujours debout et fera l’objet de plusieurs plans sociaux dans les années suivantes. La trentaine d’hectares restants, à cheval entre Grenoble et Échirolles, sera réaménagée en un parc industriel, Techni Sud.

Bibliographie

Tous les ouvrages ayant aidé à la rédaction de ce dossier sont  en consultation au sein de la bibliothèque du musée de la Viscose.

Livres
Bon, Clément. Étapes sur la route des succès. Naissance et développement de l’Union départementale CGT de l’Isère. Université des Sciences Sociales, 1987.

 

Bron, Jean. Histoire ouvrière de la CFDT dans l’Isère. Presses Universitaires de Grenoble, 1984.

 

Lefranc, Georges (dir.). Juin 36, « L’explosion sociale » du Front Populaire. Gallimard, Collection « Archives », 1966.

 

Pennetier, Claude, Parrot, Alexandre et Belouet, Éric. Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social. De 1940 à mai 1968, Tomes 1 à 5. Éditions de l’Atelier, 2006-2009.

 

Ricard, Patrice, Pelon, Jean-Louis et Silhol, Michel. Mémoire de Viscosiers. Presses Universitaires de Grenoble, Collection « Histoire industrielle », 1992. (Toutes les citations utilisées sont extraites de ce livre.)

 

Rustenholz, Alain. Les grandes luttes de la France ouvrière. Les Beaux Jours, 2008.

 

Wolfromm, Daniel et Toulet, Michel. Grèves. Un siècle de conflits ouvriers en France. Éditions de La Martinière, 2006.

 

Exposition
1936 Grèves en Isère. Du 16 septembre 2006 au 31 mars 2007, musée de la Viscose.

Chapitres de livres
Paul Girard, « Un acquis du Front populaire de 1936 : la Convention Collective de la métallurgie », dans Sylvie Vincent (dir.), Être ouvrier en Isère. XVIIIe – XXIe siècle. Édition Musée Dauphinois, Collection « Patrimoine en Isère », 2008.

 

Périodiques

Les Années Viscose, Association Naviscose – Mémoire de viscosiers. Conseil Général de l’Isère, Ville d’Échirolles. 18 numéros.

 

Cahiers d’histoire sociale, Institut Régional CGT d’Histoire Sociale Rhône-Alpes.

 

Livrets
1936 Grèves en Isère, Livret d’exposition du Musée de la Viscose.

 

Chronologie du mouvement ouvrier. Institut d’Histoire Sociale CGT du Rhône, juillet 2010.

 

Mai-Juin 68, Paroles de métallos Rhônalpins. Institut Régional CGT d’Histoire Sociale Rhône-Alpes, CGT Métallurgie.

 

Revues de presses
Revues de presse 2006 et 2007 du musée de la Viscose.

 

Le système Bedaux, synthèse de recherches du musée de la Viscose

Cet article a été rédigé par Justine Boscher Kerguiduff.

Étudiante en 2e année de master « Diffusion de la culture » à l’UGA (Université Grenoble-Alpes), j’effectue un stage en tant que chargée de valorisation du patrimoine au TRACé sur la période de février à juillet 2022. Je travaille principalement sur les collections des musées Géo-Charles et de la Viscose afin de les partager au public et de permettre à tous-tes de mieux les connaître. J’aide également à la communication de la Biennale de Design Graphique, inaugurée en juin 2022.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *